Les UX designers ne cessent d’innover et d’affiner leurs compétences pour offrir aux visiteurs d’un site ou d’une application mobile une expérience à la fois simple, efficace et agréable. Heureusement ils ne travaillent pas de manière isolée et peuvent s’appuyer sur le partage de connaissances et d’innovations. Parmi elles, on entend parler depuis plusieurs années du Material Design, imaginé par les équipes de Google. Qu’est-ce qui se cache derrière ce terme et en quoi peut-il être un apport conséquent à l’expérience utilisateur ?
Définition du Material Design
Le Material Design est un langage. Si l’on utilise le terme de langage en design c’est pour repriser que le design n’est pas qu’une affaire d’esthétique. Il doit informer, guider voire inciter l’utilisateur et ses actions. Pour cela, il combine les éléments visuels (statiques ou animés) et les interactions pour proposer une expérience simple, claire et complète.
Dans cette optique, le Material Design s’inspire des objets physiques et propose ainsi à l’utilisateur un référentiel qu’il connait déjà. En s’inspirant du réel, le Material Design propose une affordance forte. Cela signifie que les interfaces expriment naturellement leur fonction et permettent ainsi une utilisation intuitive sans passer par un tutoriel ou de longs textes explicatifs. À cela s’ajoute l’usage de la métaphore. On peut citer par exemple le bouton ajouter aux favoris dans les contacts d’un smartphone Android. Une simple étoile suffit ici à comprendre la fonction du bouton en question.
L’ensemble de ces éléments est renforcé par une utilisation plus importante de l’animation. Les éléments de design réagissent en effet davantage aux actions de l’utilisateur pour apporter encore plus d’informations sur la fonctionnalité du composant. Un bouton peut par exemple apporter des informations complémentaires lors du survol par le curseur. Un élément peut s’animer pour indiquer ainsi que l’utilisateur peut interagir avec lui.
Né en 2014, cette tendance a également l’avantage d’être tout aussi adaptée aux sites web qu’aux applications mobiles et permet ainsi d’offrir une expérience cohérente sur tous les appareils. Elle se distingue notamment par l’usage de formes géométriques simples et colorées mises en exergue par une utilisation fine des effets d’ombre et de relief.
Comme toute démarche de design, le Material Design doit répondre aux 3 exigences de l’expérience utilisateur : la facilité d’utilisation, le plaisir de l’utilisateur et l’esthétique de l’interface.
La démarche derrière le Material Design
Derrière les éléments graphiques conçus par les équipes de Google pour le Material Design, il existe évidemment une démarche de conception pour faciliter l’appréhension et la mise en pratique de ses composantes. Selon elle, le design doit être :
- intuitif pour tous ;
- adapté à tous les supports ;
- interactif grâce à des animations liées aux actions de l’utilisateur ;
- homogène entre toutes les interfaces.
Pour offrir une expérience utilisateur satisfaisante, le projet doit démarrer par une étape d’empathie, c’est à dire de compréhension des utilisateurs. Qui sont-ils, quels services attendent-ils, quelle est leur maîtrise des outils numériques, …
Ces éléments poseront les bases de la première étape de partage des idées. Chaque suggestion n’étant alors plus évaluée uniquement par les designers mais par le prisme de la connaissance des utilisateurs. Ainsi, les jugements suggestifs sont minimisés.
Les idée sont ensuites modélisées et c’est à cette étape que des éléments tangibles commencent à apparaître. Il n’est pas question ici d’avoir sélectionné la bonne idée. Modéliser plusieurs concepts permettra ensuite de soumettre chacun d’entre eux à un test. Il est fort probable que chacun d’eux soit porteur d’éléments pertinents à utiliser dans la version qui sera publiée.
La phase de test est incontournable pour s’assurer de la facilité et de la qualité de la prise en main du produit par les futurs utilisateurs. BIen évidemment, il ne s’agit pas d’une étape unique. Il est bien rare de viser juste du premier coup et le projet passera par une nouvelle idéation et une nouvelle conception pour tenir compte des remarques avant d’être à nouveau testé.
Afin de partager son concept au plus grand nombre, Google a mis en ligne de nombreuses ressources au service des designers. Ces derniers peuvent notamment utiliser le site material.io pour conceptualiser rapidement les premiers éléments de leur projet. De nombreuses ressources sont également disponibles sur le site Material DesignLite.
Un outil et non un but
La démarche promue par le Material Design n’est donc pas en rupture complète avec le process habituel d’un designer. Elle veut simplement accorder plus de place à l’utilisateur final et s’appuyer sur des ressources mises à disposition par Google pour en faciliter le déploiement mais aussi le respect. Comme toute méthode ou tendance, il ne s’agit pas d’un cadre rigide mais d’un espace guidé, pensé pour accompagner les designers et les aider à mettre leur créativité au service des utilisateurs. Bien évidemment, comme tout système il ne doit pas être considéré comme infaillible et devant être appliqué de manière systématique. S’il rencontre un grand succès aujourd’hui, il n’est pas la réponse à toutes les problématiques de design.
Le Material Design a d’ailleurs déjà connu une première mise à jour conséquente, le Material Theming. Elle propose notamment un usage différent des espaces, des couleurs et des ombres.